La promotion 31 des créateurs verriers du Cerfav a bien entamé sa seconde année de formation. En perspective : nos stagiaires mettent en œuvre l’approfondissement de la connaissance du verre, l’élargissement des compétences techniques et de nouveaux défis créatifs pour obtenir leur diplôme en juin prochain. Faisons un premier point d’étape avec eux avant d’entrer dans la phase de réalisation de leurs projets.
Grégoire, peux-tu nous rappeler ton parcours, et nous dire comment tu vas aborder cette deuxième année de formation en « créateur verrier » ?
J’ai fait des études dans le commerce et l’économie sociale et solidaire. Je travaillais dans les fruits et légumes biologiques. Je me suis rendu compte que je n’avais pas envie de continuer à avoir une activité de bureau, de rester à réfléchir en étant assis, j’avais besoin de bouger !
J’ai d’autres pratiques artistiques (la photo, la peinture, la musique…) et avant ma reconversion, j’ai participé à plusieurs projets artistiques avec des amis. J’ai mis beaucoup de temps à me dire que ce qu’il me fallait, c’était une activité manuelle proche du feu. J’ai testé plusieurs choses dans le verre, et j’ai fait du bénévolat auprès d’un verrier, Richard Dalinet. Je l’ai surtout observé et lui ai apporté mon aide, et je me suis dit que c’était vraiment ce que je voulais faire.
J’ai réalisé une transition professionnelle pour entrer en « Créateur verrier » en 2023. J’ai validé la première année de formation en soufflage à la canne ainsi que mon CAP dans cette spécialité. J’aborde cette année plutôt comme une spécialisation, une occasion d’apprendre différentes techniques en soufflage et en parachèvement.
Comment penses-tu organiser le développement de tes projets ?
Pour cette année, je compte beaucoup sur les stages programmés, que ce soit en France ou à l’étranger. J’aimerais me perfectionner aux côtés d’artistes variés pluridisciplinaires.
J’ai aussi en tête l’exposition de fin d’année, donc j’essaie de proposer un projet artistique bien développé, qui va me prendre plus de temps que l’année précédente.
J’aborde le projet design comme étant assez rationalisé, sur son prix de vente et de production, pour en faire quelque chose de potentiellement destiné à des salons et à un large public. Je veux proposer un produit accessible.
Sur quelles thématiques vas-tu travailler ?
En design, je m’intéresse à la récupération des eaux de pluies, mais aussi aux gouttelettes du brouillard ou à la rosée. Ces phénomènes climatiques permettent potentiellement de récupérer des sources d’eaux souvent inutilisées dans le quotidien. J’aimerais lier cela au verre pour en faire des objets d’intérieur qui permettraient de recevoir des plantes ou de faire de la culture en hydroponie.
J’adore les plantes, et je suis en pleine réflexion sur la forme à donner à cet objet pour rendre possible la culture en hydroponie. Je vais certainement utiliser le système de moules à lamelles du FabLab pour réaliser ce projet, toujours dans cette optique de rationalisation des coûts. Il y a aussi l’idée de rechercher des matières de conception plus économe derrière ce projet.
Pour le projet artistique, je m’éloigne complètement de mes projets de l’année dernière. Je m’intéresse aux personnes déficientes visuelles, aveugle de naissance ou en cours de vie.
J’ai rencontré l’association C’Cité à Strasbourg et j’échange via les réseaux sociaux avec d’autres personnes. Mon travail partira d’un recueil d’informations auprès d’elles et en même temps de ma capacité à interpréter leurs réponses. Je me pose cette problématique : comment ces personnes interprètent les couleurs ?
Je me rapproche de personnes en situation de handicap, dont certaines sont dotées de synesthésie, pour leur poser ces questions-là et construire un travail commun.
J’imagine aussi pouvoir rendre ma pièce tactile, qu’elle ait de la rugosité, des aspérités, … pour transmettre des émotions et des sensations, des symboliques en lien avec des couleurs. Je voudrais que par le toucher, les personnes aveugles puissent prendre possession de la pièce, l’interpréter.
Pour la forme, ce n’est pas encore défini.
Vous pourrez découvrir les projets de diplôme de Grégoire Bardin en juin 2024 au cours d’une exposition !