La formation concepteur créateur en métier d’art du Cerfav forme des artisans pour les accompagner dans la création de leur entreprise. Doués d’un savoir-faire précis dans leur discipline ils sont issus de tous les métiers d’art qui participent à la formation. Ils ont un an pour développer leur activité et leurs créations artistiques et design. Nous vous proposons de faire leur connaissance à travers un portrait qui met en valeur leur engagement dans la pratique du geste artisanal.
Élise Dubois, ébéniste
Élise Dubois effectue la formation « concepteur créateur en métier d’art ». Diplômée d’un master de droit du travail, elle a décidé de changer de cap pour se tourner vers les métiers d’art. Elle a obtenu un CAP réalisé chez les Compagnons du Devoir à Lille. Puis elle est venue en région Grand Est pour effectuer un brevet des métiers d’art et poursuit cette année avec le diplôme en 1 an au Cerfav qui lui permettra de créer son activité. Elle est accompagnée par Sacha Tognolli, ébéniste, et travaille en atelier à la Cité du Faire à Jarville.
Le travail d’Élise s’inscrit dans une démarche sculpturale qui explore la matière par les liens entre puissance et sensibilité. Son approche repose sur l’interaction, contrôlée ou intuitive, entre l’esprit, la main, l’outil et la matière : traces, empreintes, jeux de textures et finitions se mêlent pour inviter à une expérience sensorielle où la lumière et le toucher ont une place centrale. Avec une attention particulière portée au travail de la texture, elle tente d’amener une part d’instinctif dans un métier très cadré, où tout doit être prévu et anticipé. Elle va aborder cette année les thématiques de la transformation et de la rencontre des oppositions. Elle s’intéresse à la manière dont les forces, qu’elles soient naturelles ou humaines, visibles ou invisibles, se rencontrent et agissent sur l’Homme ou la matière, et génèrent alors des changements, des évolutions, voire des métamorphoses.
Mouvement d’artisan : utilisation de la gouge
❝ Pour moi, le bois est de l’ordre du sensoriel, du sensuel, du sensible. On travaille en contact direct avec la matière. Même lorsque l’on utilise nos machines, on tient notre pièce. Le plus souvent, on travaille peau à peau avec le bois. C’est une matière à notre image ; elle n’est ni chaude, ni froide. Et on le ressent constamment. Parfois il m’arrive de fermer les yeux, pour voir avec les mains. La vue peut nous tromper, pas le toucher.
Le geste que je pratique sur les images peut dans une certaine mesure s’apparenter à celui d’un sculpteur.Traditionnellement, en sculpture, lorsqu’on utilise la gouge, on va jusqu’au bout du mouvement. Ici, pour enlever de la matière, je procède à des coups de gouge inachevés ; ce qui vient créer comme de petites écailles. Selon comment on tient et regarde la pièce de bois, et suivant les variations de lumière, on interagit différemment avec la matière.
J’aime travailler sur les jeux d’ombre et de lumière, sur cet échantillon je trouvais intéressant d’avoir une matière qui n’est pas totalement enlevée mais qui n’est pas non plus dans son état initial. Je trouve qu’il y a beaucoup de beauté dans l’éphémère, dans l’impermanence. J’introduis une notion de temporalité dans ce geste qui est débuté, mais pas terminé. Je peux ainsi capturer un instant, qui prend sens grâce à la lumière. ❞
Élise Dubois