Les créateurs verriers promotion 31 vont suivre une formation de 2 ans au Cerfav pour apprendre à maîtriser les techniques du verre, créer et/ou approfondir leurs projets artistiques et de design, et bénéficier d’un accompagnement spécialisé au développement de leur activité d’artisanat d’art. Faisons connaissance avec eux !
Maria José, peux-tu nous dire d’où tu viens et comment tu es arrivée au Cerfav ?
Maria José : Je viens du Honduras, ça fait trois ans que je suis en France. Je suis arrivée en tant qu’assistante de professeur d’espagnol. J’ai un bac en arts plastiques et aussi une licence en langue étrangère, « orientation en français ». Je voulais continuer dans l’art plutôt que d’être professeure car c’est ce que j’aime vraiment.
Avant je faisais des sculptures et j’ai eu l’opportunité de travailler avec une artiste hondurienne, la seule qui travaille le verre, qui fait des vitraux et des thermoformages. C’est de là qu’est né mon intérêt pour les vitraux. Quand je suis venue en France, la première fois que je suis rentrée dans une cathédrale, j’ai été vraiment étonnée. Je me suis dit « C’est magnifique ! » Je veux vraiment me dédier à créer des vitraux ; et aussi travailler dans la restauration. J’ai commencé à Châteauroux et ensuite à Chartres. Si tu connais un petit peu Chartres, tu sais qu’il y a beaucoup de choses liées au vitrail là-bas !
J’ai commencé à chercher des artistes et j’ai rencontré des maîtres verriers ; ils m’ont parlé d’un CAP vitrail. Je me suis mis à la recherche d’une formation et je suis tombée sur le Cerfav. J’ai visité les ateliers aux journées portes ouvertes et ça m’a beaucoup plu !
Tu avais donc déjà en tête le vitrail avant même de débuter les initiations aux différents ateliers ?
Oui, même si les professeurs insistent en me disant que j’ai une « nature de sculpteur ». Non, c’est le vitrail ! Sinon je ne serais pas venue ici. Mais je pense qu’il faut toujours rester ouvert, parce que c’est le sujet qui va te dire quelle technique utiliser et pas le contraire. Si je faisais des sculptures, ça ne veut pas dire que je ne me servais pas de la peinture par exemple.
Le système d’évaluation au Cerfav est très différent de celui du Honduras et je suis la seule à avoir choisi l’option vitrail. C’est assez expérimental pour moi !
Est-ce que tu as déjà des orientations pour tes projets design et artistique ?
Je me suis dit, je vais profiter de ma culture, de cet échange culturel. Je cherchais un sujet lié au Mayas ou aux cultures précolombiennes. Je suis tombée sur une déesse Maya qui s’appelle «Ix Tabe» qu’on appelle aussi « la femme à la corde. » En fait c’est la déesse du suicide, c’est un peu fort, c’est un sujet très tabou.
Je veux travailler sur ce sujet, mais pas pour motiver les autres à le faire ! C’est un type d’hommage. Dans d’autres religions, c’est considéré comme une punition, qui te conduit en enfer directement. Les Maya ont pensé les choses différemment, que ça te conduit au Paradis. C’est lié à la pratique du sacrifice, à l’accompagnement des âmes.
Je me suis dit que je pouvais essayer de faire des vitraux en volume, en m’inspirant par exemple de l’origami, en utilisant la technique Tiffany.
Pour mon projet design, un sujet m’a beaucoup intéressé : dans les hôpitaux on n’a pas beaucoup d’intimité. Ton corps devient « public » et j’utilise ici les paroles d’un artiste, Benoît Pierron, qui est resté pendant un bon moment à l’hôpital et qui a fait une installation sur ça.
À l’hôpital on n’a pas d’intimité, surtout quand on est une femme ; quand nous allons chez le gynécologue, par exemple. Le fait qu’une mère allaite son bébé dans des lieux publics est controversé. Le corps est vraiment une zone publique. Je souhaite utiliser aussi la psychologie des couleurs pour motiver un peu plus les personnes. Je pense faire un paravent, mais aussi intégrer des tableaux où il y a du sable qui bouge, via un mécanisme éventuellement. Ça peut avoir un effet relaxant.
Vous pourrez suivre les prochaines étapes des projets de Maria José Lopez Orellana sur notre site.
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