Dans le cadre de l’exposition « La Pâte de verre retrouvée et sublimée », le Cerfav a souhaité développer l’axe pédagogique en présentant quelques exemples des premières réalisations en verre. Pour ce faire, nous avons réalisé des fac-similés en pâte de verre exécutés d’après les scans 3D d’originaux égyptiens, imprimés en 3D au Glass Fablab.

C’est peu après le milieu du troisième millénaire av. JC que seraient apparus les premiers objets entièrement vitreux, dans une région de culture avancée : la Mésopotamie.

Le verre est un matériau de synthèse, produit par l’homme, depuis au moins le 3e millénaire avant notre ère. Les premiers témoins de sa mise en œuvre consistent en de petites pièces en  pâte de verre exécutées selon la technique du moulage. Elles étaient probablement constituées de poudre de quartz ou de sable mélangé avec de la soude et de l’oxyde de cuivre pour l’obtention de la coloration turquoise. Les verriers cherchent alors à imiter, par la matière et le travail, les pierres précieuses et semi-précieuses (turquoise, lapis-lazuli, cornaline, jaspe…) ; la plupart des objets anciens sont plus ou moins opaques.

Les éléments d’incrustation en pâte de verre ont été retrouvés en nombre dans les tombes égyptiennes. Ils étaient souvent combinés à d’autres matériaux dans l’ornementation de l’architecture et du mobilier dont le trône ou le sarcophage de Toutankhamon.

Cette nouvelle technique fut en usage durant plusieurs millénaires, puis disparut, concurrencée par le soufflage du verre à la canne permettant la production de contenants. C’est à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle que cette technique tombée en désuétude attise la curiosité des artistes des arts du feu, notamment celle d’Henry Cros ou de François Décorchemont.

Réalisation d’un fac-similé en bas relief

Le fac-similé a été réalisé au départ d’un détail du scan 3D (1) d’un bas-relief représentant une reine ou une déesse, provenant d’Égypte et datant de 305-30 av. JC (2).

Une impression 3D plastique d’un modèle de moule comportant plusieurs profils a permis la conception d’une matrice en silicone qui, à son tour, est utilisé pour la confection de moules en plâtre réfractaire.

Après la prise du plâtre, des morceaux de verre sont disposés dans le creux du moule ensuite, placé au four. Aux alentours de 900°C, le verre se ramollit et remplit la forme.

Après refroidissement, le moule est détruit et la pièce est extraite.

S’ensuit un travail de sciage et de finition exécuté avec des outils, à froid.

Fac-similé d’une figurine funéraire

Le fac-similé a été réalisé au départ d’un scan 3D d’une figurine funéraire , appelée Oushebti (serviteur), provenant d’Égypte et datant de 664-525 av. JC.

Les Oushebtis sont les substituts de la momie du défunt dont elles adoptent l’apparence. Ces figurines sont censées accomplir les tâches qui incombent aux défunts dans l’au-delà. Les pièces antiques peuvent être en différents types de matériaux dont une matière vitreuse que l’on peut qualifier de pâte de verre.

Le fichier numérique de cet objet fait partie de « Scan The World ». « Scan the World” est une initiative à but non lucratif mise en place par « MyMiniFactory », pour créer des archives digitales 3D à imprimer de sculptures, objets d’art et de points de repères universels qui sont en accès libre.

Une impression 3D plastique a permis de réaliser une matrice en silicone qui, à son tour, est utilisée pour la confection de modèles en cire.

Une gangue de plâtre réfractaire est ensuite coulée autour de la cire. Après prise du plâtre, l’ensemble passe dans une étuve chauffée à 100°C. La cire fond et s’écoule hors du moule, laissant l’espace du modèle vacant.

Des morceaux de verre sont disposés dans le creux du moule placé au four. Aux alentours de 900°C, le verre se ramollit, s’écoule et remplit la forme.

Après refroidissement, le moule est détruit et la pièce est extraite.

S’ensuit un travail de sciage et de finition des surfaces exécuté avec des outils, à froid.

Avec ce modèle d’Oushebti, le Cerfav démontre les perspectives nouvelles et les développements inédits et infinis offerts par la maîtrise convergente du matériau, des savoir-faire et des nouvelles technologies du numérique. Le scan permet la reproduction de la forme sans intervention ni manipulation sur l’objet original. Internet diffuse les fichiers originaux librement. L’imprimante 3D produit le maître-modèle en laissant l’empreinte de la matière additionnée couche par couche, strate de notre siècle. Le verrier met en œuvre selon les règles de l’art et les techniques anciennes.