[En stage Erasmus+] en Espagne

Maïté Fouilhé, diplômée de la formation compagnon verrier européen au Cerfav en juillet 2015, effectue actuellement un stage de six mois post-formation chez Rosa Mendez en Espagne.

Mangeoire à oiseaux, verre soufflé, rotin, 2015. Cerfav
Maïté Fouilhé, Mangeoire à oiseaux, verre soufflé, rotin, 2015. Photo François Golfier pour le Cerfav

A mi-parcours, Maïté répond à nos questions.

Pourquoi as-tu choisi d’effectuer ton stage à l’atelier de Rosa Mendez à Santiago de Compostelle?

Je parlais déjà castillan et j’avais très envie de découvrir la culture espagnole. Ce qui m’a fait centrer mes recherches.

Pendant ma formation au CERFAV, j’ai commencé à fabriquer des bijoux en alliant verre et chambre à air. Ce type de travail m’a beaucoup plu. J’ai envie de m’orienter vers cette pratique. Mais une fois sortie de l’école j’avais besoin d’apprendre auprès de quelqu’un qui avait déjà de l’expérience, un savoir faire. Je ne me sentais pas prête à ouvrir mon propre atelier, j’avais encore trop de questions sur le travail au quotidien.

Le travail de Rosa Mendez m’a tapé dans l’oeil quand je l’ai découvert sur internet. J’ai eu envie de comprendre comment elle faisait pour transmettre son univers dans des pièces si simples et épurées.

 

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photo issu du site de Rosa Mendez
photos issues du site de Rosa Mendez

Peux-tu nous décrire une journée type de stage?

Avant de venir, Rosa m’avais prévenue ; ici on travaille beaucoup !!! Rosa répond essentiellement à des commandes de boutiques, dont pas mal de musées. Elle fait très peu de ventes directes. Noël est un temps fort, très fort !

L’atelier se trouve dans un petit village à côté de Santiago de Compostela (Saint-Jacques-de-Compostelle). La mairie de Santiago mène une politique qui ne favorise pas l’artisanat. Elle empêche les ateliers de s’installer dans la vieille ville. On est donc installés à Teo, un village dortoir en périphérie. L’atelier est vraiment grand, par contre, il est très mal isolé. Moi qui pensais aller en Espagne et avoir chaud… Il fait plus froid dans l’atelier que dehors ! Quand on a de la chance on arrive à atteindre les 15°C, mais le matin en arrivant c’est à 8-10°C qu’on commence la journée !!

Mes journées ne sont pas vraiment rythmées, par contre les tâches sont très minutieuses et répétitives. Pour que les bijoux puissent se vendre, ils doivent être faits en série pour être réalisés plus vite. Les journées sont longues et je n’apprends pas de nouvelles techniques tous les jours mais pour moi ça compte beaucoup de participer à l’élaboration de bijoux que je trouve beaux.

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Atelier de Rosa Mendez – Santiago de Compostelle

Quelles sont tes découvertes positives et négatives à l’atelier?

Ce stage m’aide vraiment à réfléchir. C’est une bonne parenthèse avant de lancer mon atelier. Je me questionne beaucoup sur le fonctionnement que je voudrais avoir. Je suis contente d’avoir ce temps.

Les stages que j’ai faits pendant la formation de compagnon au Cerfav m’ont beaucoup apporté, mais rester 6 mois au même endroit permet de mieux saisir le fonctionnement d’un atelier, les temps forts de l’année.

Par contre, je réalise à quel point avoir son propre atelier demande d’y consacrer du temps, voir sa vie. Ça m’inquiète un peu. C’est épanouissant de faire ce qu’on aime, de se sentir libre dans son propre travail. Mais en même temps, diriger son propre atelier, avec une employée comme c’est le cas pour Rosa, c’est énormément de stress.

Comment sont tes relations avec Rosa ta responsable de stage, et avec Patricia qui est salariée?

L’ambiance à l’atelier est vraiment agréable C’est bien d’aller travailler avec des personnes qui font en sorte d’amener de la bonne humeur. On passe beaucoup de temps à l’atelier, c’est quand même super de le faire avec plaisir, avec des personnes qu’on apprécie !!!

Penses-tu pouvoir avancer sur un projet personnel pendant la durée de ton stage?

Je commence un peu à avoir du temps pour faire du chalumeau. Mais je ne sais pas si ça va pouvoir durer, bientôt la charge de travail importante va revenir (on part la semaine prochaine à Paris pour le salon Bijhorhca, ensuite on ira à Madrid pour un autre salon d’artisanat). Et puis les journées sont chargées, je n’ai pas envie de faire mes bricolages quand je rentre le soir, j’ai plus envie de profiter d’être en Espagne 🙂

Galice
Galice

As-tu fais des rencontres intéressantes?

Pour l’instant pas vraiment, je compte beaucoup sur les salons pour ça.

Tu es à peu près au mileur de ton stage. Quel bilan en ferais-tu?

Ce stage m’apporte beaucoup sur la compréhension du fonctionnement de l’atelier, comment on monte une gamme de bijoux, comment on adapte la technique. C’est bien ce que je venais chercher.

J’aimerais maintenant travailler aussi avec Patricia qui s’occupe de la partie bijouterie (les apprêts, la mise en valeur et les système d’accroche).

Où loges-tu?

Je loue un appartement dans un petit quartier à 20 min du centre ville. Le centre est très touristique, ça fait du bien d’être un peu à l’écart. Depuis les fenêtres du salon on voit le haut de la cathédrale. On voit aussi des palmiers !!! En bas, dans la cour , il y a des poules ! C’est marrant de se faire réveiller par le chant du coq !

Qu’as-tu découvert à Santiago, en dehors de l’atelier?

La ville est magnifique! Il y a plein de gens qui ont des habits de randonnée (ça dépayse pas trop de Grenoble!!) et qui marchent comme des robots tellement ils ont mal aux pieds. Mais le mieux, c’est leur sourire!!! Ils sont béats de bonheur, arrivé au bout de leurs quête. Ça a été difficile mais maintenant ils sont là. Et du coup tout le monde est content, ouvert.

Les premiers jours à l’auberge de jeunesse j’ai rencontré des gens vraiment incroyables. Ça donnerait envie de tenter ce chemin. La Galice c’est aussi la région des thermes !!! Dans une ville pas loin, il y a des thermes public, au bord de la rivière, on peut venir, et se baigner dans des bassins d’eau chaude. C’est ouvert à tous. On se sent comme sur une place de village. Selon les heures, ce sont les anciens ou les jeunes qui se retrouvent. Et puis comme il pleut beaucoup ici et qu’il ne fait pas chaud c’est quand même vraiment agréable de se plonger dans de l’eau chaude.

Bon, bien sûr, l’Espagne, ses bars, ses tapas, sa gastronomie… Mais ça c’est bien connu. Je ne vais pas le démentir. Ils savent se faire la vie douce les espagnols !

– propos recueillis en janvier 2016 –

Merci Maïté d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Et voici d’autres photos reçues de Galice, parce que depuis la Lorraine, plongés dans l’hiver, le gris et la pluie, ça fait beaucoup de bien 🙂

Galice

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